Texte de Christiane Laforge

lu à la présentation d'Hélène Blackburn

au Gala de l'Ordre du Bleuet, le 6 juin 2015



Elle est mouvement et feu dansant. Exploratrice du geste et chantre du corps. Elle est femme flamme embrasée d’une passion qui la dévore et nourrit tous ceux qui l’approchent. Elle est la fille prodige issue de nos écoles de danse, le vœu réalisé d’une Florence qui, en créant l’École Fourcaudot à Chicoutimi, a projeté le pas d’une enfant de 5 ans sur les scènes du monde.


Le 23 août 1959, Gilles Blackburn, employé-cadre à Hydro-Québec et Jeanne Larocque, enseignante, future ministre engagée dans le droit des femmes, l’accès à l’éducation et le rayonnement culturel, accueillent dans la vie leur fille Hélène. À la maison familiale, la règle repose sur le choix entre faire le ménage ou la lecture. Les livres omniprésents éveillent la curiosité d’une ethnologue en puissance. Mais c’est finalement à la barre d’un studio qu’elle fait les premiers pas d’une existence totalement dévouée à la danse. « Du plus loin que je me rappelle, la danse a toujours fait partie de ma vie. Je ne l’ai pas choisi, elle était tout simplement là! », confie Hélène aux journalistes. Inscrite dès l’âge de 5 ans à l’École Fourcaudot, la ballerine songe au théâtre, aux arts visuels, mais complète un baccalauréat en ethnologie. Elle suit une formation aux Studios de Linda Rabin, termine un Bac en danse à l’Université du Québec à Montréal en 1984 où elle présentera son mémoire de maîtrise en 1996.




Sa rencontre avec le chorégraphe Jean-Pierre Perreault, lors de ses études à l’UQAM, sera déterminante. Elle participe à la création de son œuvre la plus célèbre JOE et, de 1983 à 1989, danse à sa Fondation dans les ballets Stella, Nuit, Lieux-dits et Piazza. Parmi les personnes inspirantes, Hélène évoque Paul-André Fortier, Michèle Febvre, Édouard Lock qui, dit-elle, « chacun à leur manière m’ont enseigné quelque chose ». Et ce quelque chose, la pédagogue, danseuse et chorégraphe n’a de cesse de le transmettre. D’abord en créant la compagnie Cas public en 1989, puis, répondant aux doléances de diffuseurs qui déplorent l’absence d’œuvres pour les plus jeunes, en produisant avec bonheur un répertoire pour le public enfant.


Hélène Blackburn n’a qu’une façon d’être : intense. Elle puise dans le plaisir comme dans la douleur, cherchant le mouvement capable d’exprimer la vie, l’amour, la mort, la peur. La trame de ses chorégraphies est le fil d’araignée, extrait de son propre vécu, pour tisser la toile capable de capturer sa proie, la danse maîtrisée à force de temps, de privation, de répétition pour atteindre l’absolue révélation. La révolte éprouvée à la mort de son frère devient Cathédrale et propulse sa carrière à l’international. Les peurs nocturnes de son enfance lui inspirent sa première création pour enfants, Nous n’irons plus aux bois tandis qu’elle évoque les interrogations amoureuses de sa fille adolescente, Jeanne-Camille, avec Journal intime en 2007. Ses créations, Courage mon amour, Suites furieuses, Dans la salle des pas perdus, Gold, Symphonie dramatique sont produites en Amérique du Nord, en Europe, en Asie. Les éloges sont unanimes, alors que les perceptions sont contradictoires. Certaines perçoivent la tendresse et l’humanité, d’autres la violence et l’excès et d’autres l’impétuosité et l’énergie. Toutes ont raison. L’authenticité est la signature de l’œuvre d’Hélène Blackburn qui ne sacrifie rien au désir de répondre à quelque mode que ce soit de la danse contemporaine. « Je n'ai pas ce besoin de me sentir unique et innovatrice, déclare-t-elle à une journaliste. Je fais la danse que j'aime voir. Je suis le premier public de ma danse. » De prestigieux prix lui donnent raison : le prix Jacqueline-Lemieux décerné par le Conseil des Arts du Canada en 1990, le prix chorégraphique Bonnie Bird pour l'Amérique du Nord, du prestigieux Centre Laban à Londres en 1999; ainsi que le prix de la Création 2001 de l’Office franco-québécois pour la jeunesse et le Prix de la tournée RIDEAU 2002 décernés à Cas Public.


Tout en multipliant les créations, la chorégraphe est sollicitée par les principaux centres de formation professionnelle en danse au Canada et en Europe, notamment Les ateliers de danse moderne, l'Université Concordia, l'UQAM, l’Université Simon Fraser à Vancouver, l'École supérieure de ballet du Québec, l'École de Danse de Québec, le Centre Laban de Londres et l'Accademia di Danza à Venise.


Avec Cas public, Hélène permet à ses danseurs de multiplier les langages, soucieuse qu’elle est de tendre la main à de jeunes chorégraphes. Avec son répertoire pour les enfants, elle éveille le public de demain. Tous ne suivront pas des cours de danse, mais tous peuvent être touchés par un spectacle de danse pour peu qu’on se soucie d’adapter le répertoire à leur âge.
Les chorégraphies d’Hélène ont été présentées plusieurs centaines de fois sur plusieurs continents. Elle n’hésite pas pour autant à revenir dans sa région natale pour y animer des ateliers, parler de sa passion, entretenir cette flamme qui l’habite depuis toujours, nourrie au feu de ses meilleurs souvenirs, ses grandes premières : celle de JOE de Jean-Pierre Perreault où elle dansait, celle de Stella à la Place-des-arts, sa première à l’Opéra National de Paris
ou encore au Kennedy Center de Washington, au Seoul Arts Center, évoque-t-elle. Ajoutant : « Toutes les fois où nous recevons de très longues ovations [à la] suite [de] nos spectacles… Des moments de grâce partagés avec toute mon équipe. »


Aujourd’hui, nous, gens du Saguenay–Lac-Saint-Jean, souhaitons que nos bravos puissent figurer à son palmarès de ses moments de grâce.







Le 6 juin 2015

Hélène Blackburn


Danseuse, pédagogue, chorégraphe,

fondatrice de Cas public

fut reçue membre de l’Ordre du Bleuet


***


lundi 22 juin 2015

HÉLÈNE BLACKBURN SUR VIDÉO AU GALA 2015 DE L'ORDRE DU BLEUET


HÉLÈNE BLACKBURN


Quelques minutes pour se souvenir
d'un grand moment

Gala 2015 de l'Ordre du Bleuet







Réalisation Ariel Laforge
Texte Christiane Laforge
Lectrice Paule Therrien

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